la bête, la blonde et le truand ? (27/11 à 00h52)

Pour Prague.

J'avais un peu la tête dans les nuages lorsque que le prime avait été clôturé sur l'annonce des derniers arrivés et la voix de Caitlyn, la jolie blonde de présentatrice croisée brièvement dans les coulisses. J'aime bien les blondes, j'aime beaucoup même. Je ne dirais pas que mon type de filles se résume à la couleur doré d'une chevelure mais la majorité de mes anciennes petites amies étaient blondes. Allez savoir pourquoi, l'effet Marylin Monroe de mon enfance surement. Donc, comme je vous disais, je traversais le salon visitant un peu n'importe comment la maison avec l'air un peu ailleurs, quand brusquement je me heurtai à quelque chose enfin quelqu'un et de façon assez violente. Une fille. Et devinez quoi ? Blonde. Une très belle blonde de surcroît ! Galant que je suis, enfin quand j'en ai envie, et un peu embarrassé d'avoir été aussi brusque, je la regarde pour voir si elle n'a pas subi de dégât.

« Excuse-moi, je ne t'ai pas vu. Rien de cassé ? ». J'essayais de me souvenir de son nom, j'étais sure de m'en souvenir pourtant, il était assez atypique dans le genre.
« Je m'appelle Ohio, et tu es ? »

Le prime venait de prendre fin et déjà des différents avaient eu lieu. Une brune lubrique, entre nous complètement cinglée, avait envoyé son verre de mousseux à la gueule d'une autre brune. Tout ça parce qu'elle n'assumait pas, en plus de son ridicule vocabulaire limite sadomasochiste, d'être une chienne. Ce qui est un comble. Enfin tout ça pour dire que Prague savait à quoi s'en tenir avec des habitants aussi psychopathes. Et le pire c'est qu'elle faisait partie du lot. Dans quoi s'était-elle encore fourrée? La blonde quitta le jardin en laissant les candidats à leurs discussions qui n'avaient pas l'air de l'intéresser. Après deux verres de champagne, un état des lieux et un regroupement de baguages, elle soupira en se dirigeant vers la sortie des chambres. Il n'était pas tard, et elle ne saurait l'expliquer, peut-être la pression qui retombait, mais elle était assez fatiguée pour un vendredi soir. De plus ses talons lui compressaient douloureusement les pieds, sa robe était trop courte et trop serrée, ses traits pétrifiés par le fond de teint, et elle aurait pu vous énoncez une liste monstre de tout ce qui la dérangeait en ce moment. Elle continuait de faire bonne figure, car la capricieuse personne qu'elle était n'allait pas tarder à faire surface sinon, et elle serrait très vite en conflit. Alors qu'elle traversait la salle à manger, elle sentit quelqu'un la percuter assez brutalement, ce qui la fit dévier légèrement. Le pompon. Ses yeux roulèrent circulairement. Mais avant qu'elle n'eut le temps de faire une remarque désobligeante: « Excuse-moi, je ne t'ai pas vu. Rien de cassé ? », ses paroles percutèrent ses oreilles. Elle fit un non de la tête, avant d'entendre que le jeune homme, dont elle ne se souvenait plus, face à elle se présentait. Prague ne se força plus à sourire, et répondit simplement.

« Prague... »

Non, elle n'était pas froide, juste associable.

En temps normal, après avoir bousculé quelqu'un, j'aurais marmonné quelques excuses et continué mon chemin en toute indifférence. En temps normal toujours, en atterrissant dans un nouveau lieu, je l'aurais exploré en solitaire, à ma guise et sans me soucier d'un tiers. Mais nous n'étions pas dans une situation que l'on pourrait qualifier de "normale", nous étions dans un jeu à tendance voyeuriste et assez malsain quand on y pense. A peine faisais-je un geste que j'imaginais des milliers de spectateurs m'épier et chaque pièce était peuplée de personnes qui m'étaient absolument inconnues et qui visaient surement, toutes, la cagnotte de fin. Mais c'était un jeu, et je m'étais consciemment lancé dans cette aventure. Une aventure qui avait commencée sur les chapeaux de roues. Je pensais y aller en douceur, sans trop faire parler de moi mais j'en étais déjà à avoir bousculé une fille et à la regarder curieusement.

« Prague... » répondit-elle au bout d'un moment. Son ton était plus froid que je ne l'aurais imaginé et je souriais imperceptiblement devant l'air peu avenant que son visage affichait. Prague. Oui, c'était bien ça, je m'en souvenais maintenant. Choisissant de continuer la discussion de manière légère bien qu'elle ne semblait pas amène, je lui dis :

« Woaw, une fille qui porte le nom d'une ville et un garçon qui porte celui d'un Etat. Et tout ça dans la même maison ! Cette émission fera grimper l'audimat à coup sûr ». Un sarcasme qui ne s'en voulait pas un. Chasser le naturel et il revient au galop. Je m'éclaircissais la gorge. « Huum. Donc, comment trouves-tu la maison ? ». Je n'étais pas vraiment bon en sympathie mais pour une fois, je faisais des efforts.

Prague resta sur place, en baladant son regard sur le visage du jeune homme. Elle n'arrivait jamais à se détacher de la mine impénétrable que le sien affiché. Dans la vie courante, c'était beaucoup plus simple. Elle aurait gratifié le jeune homme d'un "connard, on t'a pas appris à marché droit dans ta campagne?" alcoolisé, et serait partie sans qu'il n'y ai de représailles. Alors que là, elle allait être contrainte de vivre avec lui alors autant attendre un peu avant d'ouvrir les hostilités, surtout que ce soir elle ne s'en sentait pas la force. Son chignon tiré l'insupportait au plus haut point, et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle détacha son attention du brun pour parcourir la salle rapidement à la recherche d'une glace. Un miroir en stupide forme de cœur trônait justement là. Ses pas se dirigèrent vers celui-ci délaissant le jeune homme quelques mètres plus loin. Alors qu'elle observait son reflet, il reprit la parole: « Woaw, une fille qui porte le nom d'une ville et un garçon qui porte celui d'un État. Et tout ça dans la même maison ! Cette émission fera grimper l'audimat à coup sûr » . Elle resta très dubitative à cette remarque. Non pas parce qu'elle venait de se rendre compte qu'un sens de l'humour pire que le sien pouvait exister, mais parce qu'elle avait honte. Honte de sa piteuse culture qui ne savait pas que l'Ohio était un État. Quoi que pour sa défense, elle n'avait jamais suivi un cours de Géographie sans s'endormir. Mais bizarrement, un léger sourire pris place sur ses lèvres rosées et glosées. Tout en commençant à enlever une épingle de sa chevelure blonde, elle continua d'écouter son interlocuteur. « Huum. Donc, comment trouves-tu la maison ? ». Elle remarqua tout de même l'effort qu'il donnait pour enrichir leur conversation. Toujours très appliquée dans l'art d'enlever les tonnes de barrettes qui soutenait sa coiffure, elle lui répondit d'un ton moins fermé.

« Bien dans l'ensemble. À l'exception faite, des cœurs qu'on retrouve dans chaque salle, et de cette ambiance très,...trop glauque. »

Elle faisait allusion à tout ces clichés qui faisaient, eux, référence au romantisme pur et dur. Ne supportant pas le banal, là, elle était servie, bien qu'elle pouvait entrevoir l'effort qu'on avait fourni pour que la maison plaise. Enfin arrivée à bout de son chignon, elle passa ses mains agiles dans sa crinière aux reflets dorés. Ses tempes n'étaient à présent plus meurtries. Elle observa toujours Ohio dans le miroir, tout en remettant ses cheveux dorénavant libres en place.

Apparemment, elle n'avait pas relevé plus que cela le ton désinvolte de ma remarque qui en aurait offusquée plus d'une si l'on ne connaissait pas mon humour à la fois sarcastique et maladroit. Elle se contenta de laisser ses yeux verts lagons me sonder façon "Mais qui es-tu réellement pauvre idiot ?" et je soutins son regard parce que ça m'amusait et qu'à ce jeu là, je ne perdais jamais. Elle se retourna enfin et s'avança vers l'un des miroirs de la pièce, elle entreprit de défaire sa coiffure en ne m'accordant pas plus d'attention. Je pus néanmoins apercevoir un sourire se dessiner sur ses lèvres aussi imperceptible était-il. Je me détendais un peu, au moins la conversation n'allait pas dans le mauvais sens. Je pris le temps de l'examiner un peu, feignant m'intéresser aux dorures près d'elle. Non je ne suis pas un pervers ! C'est juste que je suis toujours obligé d'analyser mon interlocuteur et quand c'est une femme, c'est agréable. Elle était plutôt grande, mince et je me demandais comment elle faisait pour tenir sur des talons aussi hauts sans avoir les pieds complètement bousillés: Je me retins toutefois de lui demander estimant que les secrets de beauté d'une femme devaient rester des secrets.

« Bien dans l'ensemble. À l'exception faite, des cœurs qu'on retrouve dans chaque salle, et de cette ambiance très,...trop glauque. » déclara t-elle entre deux pinces.
Je ris un peu jaune car je m'étais fais la même remarque. « Tu rigoles ? Glauque ? Je dirais plutôt douteux, vomitif, nauséeux, écoeurant, répugnant... Les adjectifs ne manquent pas. Trop de romantiques tue le romantisme ».

Elle continua de se regarder dans le miroir et passa une main dans ses cheveux pour les recoiffer. Un geste glamour et un peu provocateur qui me vola un sourire. Les mains dans les poches, je me mis à faire quelques pas dans sa direction, lentement, sans toutefois la rejoindre. « N'êtes vous point romantique, mademoiselle Prague ? ».

Prague examinait toujours son reflet dans le miroir, essayant de ressembler à quelque chose même si l'heure était tardive. Elle continuait de replacer habilement les mèches de ses cheveux dénoués à leur place initiale tandis qu'elle sentait le regard du jeune homme sur elle. Il faut dire que il suffisait de jeter un coup d'œil dans la glace pour le remarquer mais enfin, il pouvait toujours nier. L'atmosphère était peu à peu devenue moins pesante, ce qui étonnée la jeune femme qui n'avait jamais été assez sociable pour pouvoir entamée une relation, enfin discussion non conflictuelle avec une personne dont elle ne connaissait que le prénom depuis seulement quelques heures. « Tu rigoles ? Glauque ? Je dirais plutôt douteux, vomitif, nauséeux, écoeurant, répugnant... Les adjectifs ne manquent pas. Trop de romantiques tue le romantisme ». Suite à l'énonciation de tout ces adjectifs tout à fait véridique, la blonde ne put retenir un sourire un peu plus franc. Pour une fois, elle devait bien avouer qu'elle était sur la même longueur d'onde que le brun. Concrètement, elle n'en avait vraiment rien à faire de toutes ces petites attentions superficielles, du même décor sans surprise qu'évoquait toujours le mot romantique, non vraiment elle n'y croyait guère. C'était une femme, certes, mais elle ne croyait en rien au coup de foudre, ou bien même à l'amour, alors le romantisme c'était bien une chose qui lui fichait la nausée.

Elle observa la silhouette du jeune homme faire quelques pas, un rapide sourire aux lèvres, tandis qu'elle passait ses doigts une toute dernière fois dans sa chevelure. « N'êtes vous point romantique, mademoiselle Prague ? ». Un dernier regard à son reflet qui lui paraissait encore convenable, et elle fit face à Ohio, le regardant dans les yeux, comme elle avait l'habitude de le faire avec tout le monde d'ailleurs.

« Tout dépend de ce que tu entends par romantique... Mais en règle général, non. Je ne voue aucune éloge à ce mouvement.» dit-elle toujours immobile, non loin de lui.

Ah ! Elle avait souri, vraiment cette fois-ci, pas un petit sourire en coin non, le genre de sourire que l'on fait quand on pense que l'autre a raison. Ou était-ce mon visage qu'elle apercevait dans le miroir qui la faisait rire ? Enfin qu'importe, je vois que mon don pour détendre l'atmosphère (et la gâcher) marche toujours. Elle se retourna enfin et me dévisagea, plongeant ses yeux verts dans les miens. Je ne fléchis pas d'un millimètre et soutins son regard, je vous l'ai dit, je suis très doué à ça. Et à auter chose aussi mais on n'y reviendra.
« Tout dépend de ce que tu entends par romantique... Mais en règle générale, non. Je ne voue aucune éloge à ce mouvement. » répondit-elle. Intéressant. Une fille sans une once de romantisme. J'en aurais presque rougi, moi qui m'étais damné par amour pour celle qui était "la femme de ma vie", à une triste et vieille époque. Mais cela se lisait sur son visage, elle ne semblait guère encline aux bons sentiments d'antan, aux sérénades chantées sous la fenêtre et aux restaurants très bon chic bon genre. Non, j'en aurais mis ma main à couper que ce qu'elle préférait, elle, c'était l'amour sauvage, comme un diamant brut qu'on a pas besoin de tailler pour apprécier. Et d'une certaine façon, je trouvais ça très plaisant. Je décidais donc de jouer sur la taquinerie. « Et à quel genre de "mouvement" vous adonnez-vous ? » dis-je sur le ton de la plaisanterie, en accompagnant de gestes -les guillemets faits avec les doigts- ma parole. Je fis quelques pas en sa direction et elle resta toujours de marbre.

« Qui êtes-vous mademoiselle Prague ? J'ai beau vous analyser, vous sonder comme je le fais toujours, je n'arrive pas à vous cerner. Pourriez-vous éclairer ma lanterne ? » demandais-je, en lui offrant mon bras pour qu'on aille se promener.

La blonde, elle non plus, ne le lâchait pas du regard. Mais ce n'était pas un échange de défis, non elle ne saurait le qualifier. Il est vrai que la demoiselle avait toujours eu cette fâcheuse habitude de ne jamais détourner le regard la première, peut-être par soucis d'infériorité ou d'orgueil. C'était peut être stupide, mais elle le percevait comme tel. Prague ne ressentit pas tellement le malaise du brun à la suite de sa phrase. Et à cet instant, elle pouvait supposer que lui non plus, le romantisme ce n'était pas sa tasse de thé, vu sa réaction face à l'apparence de la maison. Mais il valait mieux se méfier des apparences dans ce cadre assez spécial, ils étaient tous à moitié siphonnés de toute façon. Et peut être même que le brun jouait un rôle avec elle, et peut être qu'il ne s'appelait pas Ohio mais en fait Bernard, qu'il adorait les ballons cœurs rouges dans le jardin, et qu'il s'endormait en les admirant, se fredonnant l'air de La vie en rose d'Edith Piaf, et donc qu'il avait des petites tendances bibis. Tout était possible après tout. « Et à quel genre de "mouvement" vous adonnez-vous ? ». C'était une assez bonne question. Ses mimiques lui arrachèrent encore un sourire amusé. A vrai dire, elle n'y avait jamais vraiment songé, mais elle essaya de faire bref. « Hum. La polygamie, le sadomasochisme, le libertinage, les effets bénéfiques du gin, la fella...non... Enfin, tout ce qui est dans le genre.» Elle venait de déballer ça avec une décontraction, et un naturel assez déroutant. Il est vrai qu'il était assez étrange, de voir de telles pratiques sortirent de la bouche de la demoiselle qui était quelqu'un d'apparence assez raffinée, et classe. De la provocation, pas vraiment, c'était sorti tout seul. C'était du Prague tout craché: crue et franche. Même les caméras n'arriveraient pas à l'en débarrasser de cette belle franchise.
Elle l'observa faire quelques pas, et ce n'est pas pour autant que ça provoqua une réaction quelconque chez elle. « Qui êtes-vous mademoiselle Prague ? J'ai beau vous analyser, vous sonder comme je le fais toujours, je n'arrive pas à vous cerner. Pourriez-vous éclairer ma lanterne ? » La belle parcourut son visage du regard, amusée d'être une énigme pour ce jeune homme. Il lui tendit son bras. Elle le toisa pendant de longs instants, avant de faire quelques pas pour le rejoindre et saisir enfin son bras.

« Non, tu vas devoir percer le mystère seul.» conclut-elle, en lui adressant un clin d'œil malicieux.

Une énigme ? Oui, la blonde en face de moi en était une. Complètement. Elle pouvait sembler angélique, prude, pure au premier coup d'oeil et la seconde d'après avoir l'allure d'une démone, d'une femme fatale et sur le point de vous manger tout cru. Cela faisait à peine dix minutes que l'on discutait elle et moi mais elle m'avait fait triturer mon cerveau plus qu'une fille ne l'aurait jamais fait en une nuit ou en un mois. J'aurais surement abandonné si la conversation avait eu lieu en dehors du contexte voyeuriste de la télé-réalité, une fille qui vous fait trop languir et/ou réfléchir égale beaucoup trop de prises de têtes égale pas d'avenir donc pas besoin de s'attarder plus. Mais peut-être était-ce le jeu qui faisait que je m'intéressais à elle plus que mon caractère n'en permettrait l'usage. La suite n'en rassura que plus encore l'idée que je me faisais d'elle.
« Hum. La polygamie, le sadomasochisme, le libertinage, les effets bénéfiques du gin, la fella...non... Enfin, tout ce qui est dans le genre. » me répondit-elle de façon plus crue que je ne l'aurais imaginé. J'éclatais de rire une nouvelle fois, encore plus fort qu'auparavant. Décidément, elle me faisait rire plus que de coutume, intéressante la demoiselle. « Je vois... Que de pratiques très soft ! Et moi qui pensait pouvoir jouer au scrabble en ta compagnie, je suis déçu. Quoique, sadomasochisme sur une case triple, ça rapporterait combien de points ? » lui soufflais-je avec un clin d'oeil.
J'avais joué l'indifférence face à de tels propos mais en réalité, voir une fille les prononcer qui faisait plus "à papa" que libertine en aurait désarmé plus d'un.
Je lui avais offert mon bras pour une promenade et elle l'avait fixé longtemps. J'avais vraiment cru qu'elle allait refuser et me laisser en plan mais elle s'était approchée et l'avait saisie. Nus entamions alors une promenade dans le jardin alors éclairé de douces lumières. « Non, tu vas devoir percer le mystère seul. » finit-elle, d'un aire malicieux. « J'ai droit à quelques indices ? » dis-je nonchalant.