Même lieu, même silence +ONEY (05/12 - 00:04)

Le prime à peine achevé, je n’avais pas envie d’aller à la rencontre des nouveaux arrivants. Je ne saluai même pas les sortants et me dirigeai immédiatement vers la pergola où je m’étendis de tout mon long. Je regardais les étoiles. Ce soir, le jardin était allumé : satanés agents EDF (xD), je détestais la lumière. J’aurais aimé être plongée dans l’obscurité mais il en était autrement. Fixant toujours les points lumineux dans le ciel, j’allumai une cigarette. Je tirai une première latte et toussai, avant de cracher. Je n’aimais plus la cigarette. J’avais l’impression que cette maison me métamorphosait. Les rôles s’inversaient ici. Tout les habitants étaient attentionnés envers moi, et je les envoyais balader. Dans la vie réelle, j’étais une parfaite inconnue pour tout le monde. Personne ici ne pouvait me ramener à la raison, car tous étaient des imbéciles heureux. J’étais parfois méchante, et hautaine alors qu’en vérité j’étais une femme faible et soumise. Cette supériorité ne me plaisait guère. Grâce à cette cigarette que je venais de rejeter, je comprenais enfin qu'il fallait que mon comportement change. Soudain, j’entendis des pas qui me rappelèrent qu’on ne pouvait jamais se réfugier avec soi-même dans ce « Nid d’Amour ». Je me relevai, brusquement et jetai mon regard dans la vide. Je n’avais même pas envie de voir quel habitant venait me rejoindre. Mais ce fut plus fort que moi, j'avais presque reconnu qui était-ce avant que la personne ne se présente. J’étais attirée, aimantée. Mes yeux dévièrent dans mes orbites et un visage presque angélique apparut dans mon champ de vision. C’était lui, celui qui était là, l’autre matin. En le voyant, je me mis à culpabiliser. Je m’étais mal comportée ce soir, en lui caressant la tête. Je n’avais pas le droit de faire ça mais je m’étais permise de passer ma main dans ses cheveux. Cette maison me rendait complètement folle, oui. En sa présence, j’espérais au moins qu’elle ne m’ait pas volé mon mutisme.

Deuxieme prime de passé, déjà. J'ai remarqué que la mystérieuse Iris quittait le salon et me suis décidé à la suivre. Elle avait choisi d'obtenir un indice sur mon secret, cela prouvait donc qu'elle s'intéressait à moi comme je m'intéressais à elle. Elle m'avait paru étrange pendant le prime, je ne la connaissais pas et pourtant j'avais l'impression que et n'était pas vraiment son genre de caresser les cheveux des gens comme ça. Mais je m'étais laissé faire. Je la suivais donc à distance, ne la quittant pas des yeux, après avoir salué les nouveaux arrivants et fait mon au revoir à Blake. Iris avait marché jusqu'à la pergola. Étrange coïncidence étant donné que c'était là qu'elle m'avait intrigué par son silence et son visage. Et par bien d'autres choses encore. Je me suis assis à ses cotés. Sans un mot comme la dernière fois. Parce que cela me plaisait bien ce silence avec elle, si mystérieuse. J'ai sorti mon paquet de cigarettes pour m'en fumer une. J'avais augmenté ma consommation depuis une semaine, n'ayant pas d'herbe il fallait bien que je me contente de cigarettes, que je fumais en plus grande quantité.

Il était là, assis, à côté de moi. J’étais tétanisée. J’essayais en vain de détourner mon regard mais il se reposait toujours sur son visage. Puis, il alluma une cigarette. Je le regardai, avec envie, en repensant à celle que j’avais jetée quelques minutes auparavant. Je devais aussi m’excuser pour mon geste, je n’avais pas à me comporter comme ça.

« Je… Je suis désolée pour tout à l’heure, je ne voulais pas. »

Ma voix étant tremblante, j’allais presque éclater en sanglots mais je me sentais terriblement mal. Je me demandais ce que je voulais. D'habitude, j'aurais voulu, ou plutôt j'aurais été contrainte de me faire houspiller. Mais de la part de ce jeune homme -dont je ne connaissais même pas le nom-, je m'attendais à autre chose. A présent, je culpabilisais pour avoir brisé le silence. Peut-être n’allait-il pas apprécier ? Je ne faisais rien qui aille. J’étais infidèle à moi-même. Rien que cela me rendait malade.

J'ai tiré quelques fois sur ma cigrette, regardant la fumée s'echapper de mes lèvres avec un sourire. Je ne faisais même pas attention à la jeune femme et à la manière dont elle regardait ma cigarette bien trop occupé par ce moment parfait. Le silence, une cigarette et une fille qui ne dit mot. Que demander de plus ? Je ne suis sorti de mes pensées que lorsqu'elle s'adressa à moi. Ce que me surprit il fallait bien l'avouer. S'était elle excusée de son comportement ? Je n'aurais pas cru cela d'elle. En même temps je ne la connaissais que trop peu. Comment aurais-je pu prédire ce qu'elle avait l'intention de faire ou dire ?

Tu n'as pas à me donner d'excuses, je n'en ai pas demandées

Mon ton se voulait amical. La jeune femme me paraissait étrange, encore plus intriguante qu'à notre première rencontre. J'avais l'impression qu'elle allait se briser et pleurer toutes les larmes de son corps. Elle me paraissait fragile, aspect que je n'avais pas encore remarqué chez elle.

Tu veux ?

Je lui ai tendu mon paquet de cigarettes car le tabac me faisait souvent oublier mes soucis. Peut-être allait-ce être pareil pour elle ?

Je ne cessais de fixer la cigarette du jeune homme. J’avais une envie folle de lui arracher, et de la fumer jusqu’à me brûler le bout des doigts. Elle me faisait envie mais, la culpabilité me rattrapa vite. La cigarette était finalement le signe que j’allais mal. Jamais je n’aurais pensé que mon corps la rejetterait. Je m’étais montrée hargneuse ces derniers jours, sans m’en rendre compte. Heureusement, le tabac m’avait mise en garde. A présent, je ne serai plus méchante et hautaine, mais soumise, comme je le suis depuis ma plus tendre enfance. J’avais donc d’abord décidé de m’excuser. Et, Ô, surprise, le jeune homme me répondit. Pour la première fois depuis mon entrée ici, j’entendis la voix de mon colocataire. Je me sentis quelque peu gênée, sans savoir pourquoi. Je fermai les yeux et ne répondit rien. Un bref silence se fit entendre. (HJ : quelle phrase magnifique xD) Je rouvris les yeux et fut à nouveau bercée par la voix de ce garçon. Je tournai la tête, je ne comprenais pas à quoi il faisait référence. En voyant le paquet de cigarette, je fus dégoûtée, ou attirée. Je ne savais plus, j’étais complètement perdue. Je reniflai, j’étais à deux doigts de fondre en larmes.

« Je… euh, oui… Enfin, non, non ça va… »

J’avais bégayé. Je ne savais pas quoi dire, ni faire. Presque apeurée, je m’éloignai de quelques centimètres en me décalant sur la droite.