Confessions nocturnes (04/01/10 - 4h16) (grégoire)

la nuit du prime avait été bien mouvementée, j'avais été malade comme un chien et j'avais surtout été seul, aussi seul qu'un sdf peut l'être une nuit d'hiver. j'avais passé le jour suivant seul reclus dans les endroits les moins peuplés de la maison vivant à contre courant du reste des habitants, il me fallait du temps, du temps pour réfléchir. cette nuit encore je ne pouvais dormir, je m'étais tout de même couché espérant pouvoir trouver le sommeil mais rien n'y faisait. voyant de la lumière dans le salon je décidais de me lever, je me doutais qu'il s'agissait de valentin mais peu importe ... je m'y dirigeais tout de même.

en arrivant je ne prononçait pas un mot, je décidais de m'asseoir assez loin de valentin, pour le laisser tranquille, sa seule présence pourrait peut être me faire du bien malgré le fait qu'il faudrait à un moment ou un autre que nous parlions de ce qui s'était passé lors du prime.

- pourquoi est-ce que je fais quoi ? je ne comprends pas.

je le regardais, effectivement je ne comprenais pas de quoi il parlait. parlait-il de mon détachement ou de mes actions des jours précédents. je penchais plutôt pour ma relation avec alexis mais dans le fond peut être que je me trompais il se pouvais que je sois le seul à faire une fixation dessus, valentin était surement passé à autre chose.

voilà le ton était donné, c'était donc ça, une fois de plus. pourquoi l'avais-je repoussé ? cette question c'était imposée à mon esprit plusieurs fois, si souvent que j'avais déjà une réponse toute prête, mais face à lui, même s'il ne me regardait pas, les mots se perdaient et seule la vérité se profilait à l'horizon, une vérité bien difficile à accepter.

- je crois que ... c'est parce que je t'aime beaucoup et comme tu disais ne pas être gay, je ne voulais pas que tu fasses une erreur ...

j'avais surement eut raison cette nuit là car par la suite il avait été clair qu'il préférais les filles.

comment lui expliquer qu'il me plaisait tel qu'il était et que je ne voulais le changer pour rien au monde et ceci impliquait sa sexualité. comment lui expliquer que beaucoup d'hommes trouvaient cela honteux de coucher avec un autre homme mais qu'ils le faisaient tout de même pour l'attrait de la nouveauté et que je ne voulais pas être nouveauté ? comment lui expliquer que j'avais peur de souffrir s'il ne me voyait que comme un jeu ?

- je ne voulais pas que tu crois l'espace d'un instant être gay et te rendre compte ensuite avec effroi que tu t'étais trompé, je ne voulais pas voir ce dégoût sur ton visage.

que lui dire de plus ? que lui avouer de plus ? je me sentais déjà mis à nu face à lui si bien que sa dernière question fut comme une attaque en plein cœur, il fallait l'avouer comme s'il m'avait frappé alors que j'étais déjà à terre, suppliant qu'on m'achève.

- non ... tu avais été très clair avec moi l'autre nuit et le fait de dormir avec moi ne voulait pas dire que j'avais une chance. j'appréciais beaucoup alexis, et voilà, ça c'est fait.

il semblait être d'accord avec moi, j'avais donc eut raison de le repousser, je n'étais pour lui qu'une chance de découvrir de nouvelles choses, je ressentie comme une déception mais un soulageant aussi, j'étais déçu d'entendre ça de sa bouche mais soulagé d'avoir pris la bonne décision aussi difficile qu'elle soit.

puis il me regarda enfin, son regard clair était si neutre que j'en viens en avoir les larmes aux yeux, mais pourquoi ? je ne pleurais pas, j'avais juste cette sensation de picotement et mes yeux devinrent plus brillants que de coutume. son visage que j'aimais tant voir sourire n'exprimait plus rien, j'attendais alors qu'il me parle pour savoir ce qu'il ressentait.

- c'est mieux que de ne rien ressentir du tout pour la personne à qui tu t'abandonnes. et ne me parles de l'estime que j'ai de moi, tu ne me connais pas dans le fond.

j'avais peut être eut tord de lui répondre ainsi, il le fallait, je devais prendre mes distances avec cet homme qui ne faisait que me torturer, on ne pouvait pas parler d'amour, après tout qu'est-ce que l'amour ? mais il y avait quelque chose en moi qui voulait l'avoir prêt de moi, pas en moi, pas de cette façon, non juste un besoin de l'avoir contre moi, d'entendre sa voix, de sentir son odeur ou juste de ressentir sa respiration.

- et toi ? pourquoi tu as réagit comme ça lors du prime ? je ne comprends pas ce qui t'as pris ... ça ne te ressemble pas.

nos regards se croisaient et j'entendais les battements de mon cœur à mon oreille. je ne faisais que le regarder depuis mon arrivée dans le salon et lui évitait mon regard, les rôles n'auraient-ils pas du être inversés ? malgré cela rien n'aurait pu me préparer à ce que j'allais entendre ensuite.

- jaloux ? je n'en revenais pas. jaloux de quoi ? tu n'as rien à lui envier, ni à notre relation ni même à alexis.

ça y est il souriait ce qui eut le don de me détendre, mais je restais toujours suspicieux, un peu sur la défensive, pourquoi devenait-il tout miel avec moi tout d'un coup ? si versatile que je me demandais s'il n'allait pas me repousser dans deux minutes. il me proposa de venir près de lui, il aurait mieux valu que je refuse, je savais à quoi je m'exposais, mais ma raison resta muette sur ce coup, laissant donc le reste de mon être choisir.

je me levais et m'installais près de lui, j'avais envie de lui dire les démons qui m'entouraient, mais il n'aurait pas compris, il fallait que je me calme, je me freine, que je ne me laisse pas aller.assis si proche de lui je me sentais bien mais j'avais l'impression d'être coupé en deux, entre celui qui voulait être avec valentin et celui qui voulait être pour valentin.

- c'est un supplice pour moi ... de te voir me faire la tête.

j'avais repris le dessus au dernier moment, peut être ne s'en rendrait-il pas compte.

je n'avais pas réussis. il avait très bien compris que je n'étais pas sincère sur mes derniers mots, il reposa donc la question, je ne savais pas quoi lui répondre, je ne pouvais pas lui avouer tout ça, même moi je ne me sentais pas à l'aise avec tout ça.

- d'être loin de toi.

j'avais parlé si bas que lui seul avait put entendre ma réponse, je le regardais, j'attendais sa réaction. allait-il une fois de plus me jugé comme "dingue" ? penserait-il une fois de plus que j'en disais trop, que je ne devais pas me dévoiler ainsi ? peu importe, c'était sortit, il l'aurait su tôt ou tard et puis ce n'était pas non plus une déclaration. ce que je ne lui disais pas c'était que le supplice était aussi d'être si proche de lui.

il avait raison, je m'étais éloigné volontairement, délibérément de lui. mais il ne comprenait pas que le manque avait été plus fort, j'avais envie maintenant de goûter ses lèvres, juste de poser les miennes sur celle du blond, je voulais laisser la douceur de ses lèvres emplissent mon âme. j'avais envie que ses mains parcourent mon corps lentement et tendrement, j'avais envie que ma langue puisse goûter sa peau ... j'avais tellement envie d'être contre lui, je ne voulais pas qu'on fasse l'amour, je voulais juste qu'on ne soit qu'un un moment, finalement j'avais peut être juste envie de me retrouver contre lui comme la nuit de la semaine passée, ne l'avoir que pour moi juste un instant.

- non.

ma réponse avait été rapide et franche, je n'avais même pas pris le temps de la réflexion, il était clair dans mon esprit maintenant que alexis pourrait tout tenter il ne parviendrait plus à m'avoir, bien sûr il me faisait toujours de l'effet, physiquement il n'était pas vilain, mais nous n'irions jamais plus loin que la provocation.

pourquoi voulait-il savoir tout ça ? il disait avoir été jaloux et maintenant il posait de nombreuses questions sur cette relation qu'il n'appréciait pas. je me demandais ce que je devais lui répondre, je ne pouvais pas lui dire que ça avait été super, je ne pouvais pas non plus lui dire que alexis n'était pas doué, c'était faux, je ne voulais pas détruire sa réputation, ce serait ridicule et puéril d'agir de cette façon.

- ça n'a rien à voir. c'est juste que ça ne se reproduira plus, c'est tout, je n'ai pas de raison particulière.

bien sûr que j'en avais une de raison, mais je n'allais pas le lui dire .

tant mieux ? cette réponse me fit sourire. je sentis ensuite sa main dans mon dos, c'était une zone sensible pour moi, je n'aimais pas tellement qu'on y touche c'est pourquoi je retirais délicatement de valentin et décidais qu'il fallait que je lui explique, alexis l'avait découvert lui-même, je voulais montrer à valentin que j'avais confiance en lui en lui dévoilant une partie de mon passé.

- je n'aime pas trop qu'on me touche à cet endroit. je marquais une pause, prenant une inspiration. j'ai une cicatrice qui me parcours le dos et je suis encore sensible de temps en temps.

je ne parlais jamais de ce vestige de mon passé douloureux ; surtout qu'il amenait de nombreux autres souvenirs qu'il valait mieux oublier.

j'essayais de reprendre le dessus, après tout, c'était un souvenir bien loin maintenant, un souvenir qui m'avait fait quitté la France il y a des années, mais un souvenir ... je regardais alors valentin en souriant légèrement, il excusa mon geste rustre pour me dégager et voulu même voir la cicatrice. je le laissais soulever mon t-shirt et exposais mon dos à son regard. puis il fit une remarque sur la douleur qu'il avait du ressentir, ravivant ainsi un peu la douleur, mais je réprimais une grimace gardant mon sourire.

- c'était un accident. il y a bien longtemps maintenant. ne voulant pas montrer ma gène, je restais de dos à valentin, j'avais l'impression de sentir ses yeux rivés sur moi. le problème c'est que ça tire encore un peu de temps en temps, c'est étrange après ces années.

je me demandais encore pourquoi je sentais cette douleur, ne devait-elle pas avoir disparue maintenant ? je me remémorais ce qu'avaient dit les médecins, une douleur qui reviendrait sans doute périodiquement et bien plus forte à la même date, chaque année ...