Lèche moi ! (2) +JESSICA (29/12 ▬ 11:51)

J'avais dormi sous la pergola, pour changer. Cette nuit, j'avais pris soin de mettre un bâillon dans ma bouche pour éviter qu'on m'embrasse par surprise. Je m'étais réveillée en suffoquant, après tout, me mettre une muselière était peut-être une mauvaise idée. Je m'étais ensuite dirigée vers la cuisine pour manger quelque chose. Il n'y avait pas grand chose qui me plaisait. Mon regard fut alors attiré par une assiette bientôt terminée posée sur l'îlot de la cuisine. Le propriétaire n'avait qu'à pas laisser traîner son repas. Je pris donc l'assiette et alla m'asseoir à terre, dans un coin de la pièce, à l'abris des regards indiscrets. Le coulis de tomates ressemblait évidemment à du sang alors pour me distraire, je m'en étalai un peu sur les doigts, et les joues, histoire de m'amuser à ma façon.

Jessica se promenait dans le salon, pensant à son cadeau de noël, le bonnet et la barbe. Ah lala, quelle imagination ce Cupidon. Et puis, elle pensa au cadeau ou au supplice d'Iris. Iris était une jeune femme très particulière et assez flippante. Mais marrante, malgré elle. D'ailleurs, alors que la jolie irlandaise passait dans la cuisine, elle vit quelque chose de plutôt curieux. Iris, assise par terre, dans un coin, une assiette sur les genoux et du rouge sur les joues. Jessica ecarquilla les yeux et s'assit à terre aux côtés d'Iris, paniquée.

" Iris, c'est du ... " Dit-elle sans pouvoir finir sa phrase. Le sang allait faire vomir Jessica, pourquoi tout le monde se blessait-il ? Et puis, s'approchant des joues de la demoiselle, elle s'apperçut qu'il s'agissait de la tomate - le sang est bien plus foncé !

Jessica, le sourire aux lèvres approcha sa bouche de la joue d'Iris et lêcha la tomate avant de rire. " C'est pour la dernière fois ! " Dit-elle, amusée, faisant référence à leur dernière rencontre. Et puis, Iris devait être embrassé par tous les habitants alors une lechouille devait bien compter comme un baiser.

J'espérais être tranquille pour profiter pleinement de mon repas, et de mon jeu. Mais c'était impossible, dans une maison où étaient logés vingt-quatre imbéciles heureux. Une jeune femme vint donc me perturber et je reconnus en elle le père Karras qui n'avait pas su m'exorciser. C'était aussi la fille à qui j'avais donné mon crucifix en toc la veille. Je n'eus même pas le temps de me relever pour aller m'isoler sous la pergola qu'elle était déjà assise à côté de moi. Heureusement que je ne tournai pas la tête sans quoi, sa langue visqueuse aurait parcouru ma face entière. Karras lécha ma joue recouverte de sauce tomate. Je me demandai bien pourquoi et compris finalement qu'elle éxecutait l'ordre que je lui avais donné quand elle tentait de m'exorciser. Mais c'était trop tard, plus la peine de se racheter. Elle était un mauvais père Karras et il fallait qu'elle s'y fasse. Alors, je me décalai simplement sur la droite, pour l'ignorer.

Iris faisait la tête et semblait exaspérée par le comportement de Jessica. La demoiselle, sans un regard, s'était déplacé sur la droite, laissant entre elles un espace important. La douce irlandaise était vexée. Mais elle n'aurait pas du, après tout c'était bien Iris qui avait un problème, non ? Ou pas.

" Pourquoi tu ne m'apprecies pas ? " Demanda-t-elle alors à Iris, regardant sa joue, puisque la demoiselle ne daignait pas se soucier d'elle. Pourtant Jessica faisait son possible pour être sympathique avec Iris, enfin, elle ne se forcait pas, elle voulait juste connaitre la jeune femme qui se disait depressive. Finalement, c'était peut-être Jessica le problème.

La réponse pouvait être multiple. Soit, je disais à la jeune fille qu'elle avait une tête à claque, soit, je lui disais qu'elle n'avait pas intérêt à prendre cet air de chien battu avec moi, soit je lui répétais qu'elle était un si mauvais père que je ne voulais plus jamais lui adresser la parole. J'aurais pu encore dire que je n'aimais parler à personne, la rassurer en lui disant qu'elle n'était pas la seule. Lui mentir aurait été une possibilité, lui faisant croire que je l'aimais bien malgré tout, pour me payer sa tête, mais il fallait que ma colocataire comprenne qu'elle ne devait pas perdre de temps avec moi. Au lieu d'exploiter l'une de toutes ses possibilités, je ne répondis rien, et me décalai d'avantage. Aussi pour l'emmerder un peu.

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